Philippe Seené

Philippe Seené : du léger dans du lourd ! Quand on voit ces grandes pièces monumentales, on pense Léonard de Vinci pour la dimension philosophique, Michel Ange pour la puissance en mouvement, à Rodin peut-être. Pourtant l’artiste est bien de son temps : la conception semble classique alors qu’elle n’est que le support aux émotions et même à la réflexion.

La réflexion autour d’un thème particulièrement contemporain qui fascine tout plasticien à travers les époques : l’homme en situation comme si il y cherchait sa place… et le mouvement, cette dynamique vitale qui lui donne sa force. Il ne s’agit pas de décrire le cheval au galop ou l’homme en marche, mais d’en extraire le désir de galop et surtout le temps nécessaire pour aller du départ à l’arrivée… Attention, il ne s’agit pas de la mise en art d’un discours, mais bien d’une émotion, d’une pulsion, d’une perception, même si cette pulsion peut sembler sacrément ralentie par le poids de la matière !

Certains sculpteurs donnent l’impression d’arrêter le cours du temps, de suspendre un mouvement.. parce qu’il est beau ou parcequ’il est émouvant, comme on aimerait tous stopper les bons moments. Chez Philippe Seené, ce serait le contraire, le moment présent semble suspect, seul le mouvement en cours vit, il y a l’avant et l’après. Ce qu’il nous donne à voir est le déroulement du mouvement, donc de la vie. Il a renoncé à suspendre le temps, il ne cherche plus qu’à le suggérer, mais cette impuissance à saisir le temps qui passe le pousse à inventer des moyens personnels pour l’évoquer : les écrous, les vis, les déconstructions, les vides, les trous, outils contemporains, s’attachent à l’art d’hier, comme s’il y avait le temps de l’homme et celui de l’histoire, celui de la Renaissance, celui où nous vivons…

Ne soyons pas donc surpris si un personnage a plusieurs mains ou pieds, si les chevaux sont évidés, formes accrochant le regard à grande vitesse. Ces sculptures sont figuratives et pourtant non inscrites dans le quotidien, elles tentent d’approcher la vie intérieure par l’extérieur sans pour autant devenir symbole ou métaphore.Le sculpteur nous introduit dans le domaine de la sensation, de son émotion aussi. Chaque sculpture obéit à des moments particuliers : réflexion, imagination, émotion, sensualité, douceur, qu’il exprime dans ses œuvres, bronzes ou terres cuites.

Quant à la recherche idéale de la beauté, quant à la douleur de la perte de celle-ci et du temps qui fuit, cela reste du domaine de l’émotion, elle appartient à l’auteur. Peut-être considérée comme une « aberration » par celui qui n’aime que l’art contemporain, le plus détaché possible du réel figuré, cette oeuvre trace son chemin lentement, et sait aller à la rencontre d’une sensibilité qui résiste aux modes. On pourrait aussi évoquer le travail énorme nécessaire à construire ces pièces monumentales ! Un étonnement de plus à une époque ou l’éphémère, le léger, le jetable triomphe. Sans doute là-encore la notion de temps intervient-elle, tout ce temps qu’il faut pour aboutir (parfois deux années pour une grande pièce), toutes ces émotions vécues inscrites dans le bronze ou la terre ! Enfin, pourquoi ne pas avoir choisi le cinéma, art du mouvement ? Peut-être à cause de la matière, celle à laquelle il faut se soumettre toute son existence mais qu’on peut sublimer par le travail esthétique, la terre d’abord, puis la résine, puis le plâtre, le bronze… Travailler sur la matière en prenant le temps de l’apprivoiser, c’est sa façon de mener le « chemin de soi-même ». Le reste est l’affaire du public ! Le visiteur trouvera ce qu’il cherche…

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